Liste des présidents de la République française
Cet article dresse la liste des vingt-trois hommes qui ont exercé la charge de président de la République française depuis 1848.
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Deuxième République [modifier]
Dans les premiers mois de la République, de février à décembre 1848, soit jusqu'à l'élection présidentielle, les fonctions de chef de l'État sont exercées dans les faits, successivement, par Jacques Charles Dupont de l'Eure (chef du gouvernement provisoire), par la Commission exécutive présidée par François Arago, puis par Louis Eugène Cavaignac, chef du nouveau gouvernement.
Nom | Dates du mandat | Appartenance politique | Notes | |||
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1 | Louis-Napoléon Bonaparte | 20 décembre 1848 | 2 décembre 1852 |
Bonapartiste, Parti de l'Ordre |
Le neveu de Napoléon Ier est élu premier président de la République en France, lors de l'élection présidentielle de 1848 qui l'oppose à Louis Eugène Cavaignac. Il provoque un coup d'État le 2 décembre 1851 et se fait proclamer empereur sous le nom de Napoléon III l'année suivante. |
Troisième République [modifier]
Le 4 septembre 1870, en pleine guerre franco-allemande, la République est proclamée, avec à sa tête le Gouvernement de la Défense nationale, dirigé par le général Louis Jules Trochu. Adolphe Thiers succède à Trochu le 17 février 1871 avec le titre de chef du Pouvoir exécutif, avant de devenir président le 31 août.
Nom | Dates du mandat | Appartenance politique | Notes | |||
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2 | Adolphe Thiers | 31 août 1871 | 24 mai 1873 | Orléaniste - Centre gauche | Monarchiste modéré, il est nommé président à la suite de l'adoption de la loi Rivet. Rallié à la République en cours de mandat, il doit démissionner face à l'hostilité de l'Assemblée nationale, majoritairement favorable au retour de la monarchie. | |
3 | Patrice de Mac Mahon | 24 mai 1873 | 30 janvier 1879 | Légitimiste | Maréchal, il est l'unique président monarchiste de la Troisième République. Il démissionne un peu après la victoire des républicains aux élections législatives de 1877, à la suite de sa décision de dissoudre la Chambre des députés. | |
4 | Jules Grévy | 30 janvier 1879 | 2 décembre 1887 |
Modéré, Gauche républicaine |
Premier président à accomplir un mandat complet, il est facilement réélu en décembre 1885. Il est cependant contraint à la démission, lors du scandale des décorations où est impliqué son gendre. | |
5 | Sadi Carnot | 3 décembre 1887 | 25 juin 1894 |
Modéré, Gauche républicaine |
Son mandat est marqué par l'agitation boulangiste et le scandale de Panamá, ainsi que par le rapprochement avec la Russie. Assassiné quelques mois avant la fin de son mandat, il est enterré au Panthéon de Paris. | |
6 | Jean Casimir-Perier | 27 juin 1894 | 16 janvier 1895 |
Modéré, Gauche républicaine |
Il a effectué le plus court mandat d'un président, puisqu'il démissionne au bout de six mois et vingt jours. | |
7 | Félix Faure | 17 janvier 1895 | 16 février 1899 |
Modéré, Républicain progressiste |
Il poursuit l'expansion coloniale et le rapprochement franco-russe. Sous sa présidence éclate l'affaire Dreyfus ; il n'exerce que quatre ans de mandat puisqu'il meurt d'une congestion cérébrale, au palais de l'Élysée. | |
8 | Émile Loubet | 18 février 1899 | 18 février 1906 | Alliance républicaine démocratique (ARD) | Sous son septennat, la loi de séparation des Églises et de l'État est adoptée et seuls quatre président du Conseil se succèdent à Matignon. Il ne se représente pas à l'issue de son mandat. | |
9 | Armand Fallières | 18 février 1906 | 18 février 1913 |
Alliance républicaine démocratique
(ARD) Parti républicain démocratique (PRD) |
Durant son mandat a lieu le coup d'Agadir, alors que les troupes françaises commencent à occuper le Maroc. Partisan de la Triple-Entente, il contribue à la renforcer. Tout comme son prédécesseur, il ne brigue pas sa réélection. | |
10 | Raymond Poincaré | 18 février 1913 | 18 février 1920 |
Parti républicain démocratique
(PRD) Alliance républicaine démocratique (ARD) |
La Première Guerre mondiale éclate alors qu'il est président. Il occupe par la suite la fonction de président du Conseil de 1922 à 1924, puis de 1926 à 1929. | |
11 | Paul Deschanel | 18 février 1920 | 21 septembre 1920 |
Alliance républicaine démocratique
(ARD) Parti républicain démocratique et social (PRDS) |
Homme de lettres élu à l'Académie française, il devance le populaire Georges Clemenceau, à la surprise générale, lors de l'élection présidentielle de janvier 1920. Il est cependant contraint de démissionner au bout de huit mois, en raison de problèmes de santé. | |
12 | Alexandre Millerand | 23 septembre 1920 | 11 juin 1924 | Sans étiquette, ancien républicain socialiste | « Socialiste indépendant » de plus en plus orienté à droite, il démissionne au bout de quatre ans, à la suite de la victoire du Cartel des gauches aux élections législatives de 1924. | |
13 | Gaston Doumergue | 13 juin 1924 | 13 juin 1931 | Radical | Premier président protestant, il se déclare partisan d'une politique de fermeté vis-à-vis de l'Allemagne face au nationalisme renaissant. Son septennat est marqué par une forte instabilité ministérielle. | |
14 | Paul Doumer | 13 juin 1931 | 7 mai 1932 | Radical | Élu au second tour de scrutin, après avoir dépassé le pacifiste Aristide Briand, il est assassiné par un déséquilibré du nom de Paul Gorgulov. | |
15 | Albert Lebrun | 10 mai 1932 |
11 juillet 1940 (de facto) |
Alliance démocratique (AD) | Réélu en 1939, son second mandat est suspendu de facto par l'arrivée au pouvoir du maréchal Philippe Pétain. |
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'armistice du 22 juin 1940 établit la division du territoire français en zone libre et zone occupée. L'ensemble du territoire et l'Empire sont sous l'autorité du régime de Vichy (sauf les deux départements du Nord et du Pas-de-Calais qui sont sous administration militaire allemande directe) dirigé par le maréchal Philippe Pétain[2], qui s’autoproclame « chef de l’État français »[3]. Le projet constitutionnel de Vichy (du 30 janvier 1944), qui prévoyait de conserver le titre de président de la République pour le chef de l’État, ne sera jamais promulgué[4].
Après la libération de Paris en août 1944, le général Charles de Gaulle, chef de la France libre en exil depuis l'armistice de 1940, exerce les fonctions de chef de l'État en tant que président du Gouvernement provisoire de la République française[2]. En désaccord avec le projet de Constitution que proposent les ministres communistes, il démissionne en 1946. Félix Gouin, Georges Bidault, puis Léon Blum lui succèdent à la tête du GPRF[2], qui disparaît peu de temps après l'adoption de la Constitution de la Quatrième République[2].
Quatrième République [modifier]
Période 1940-1947 [modifier]
Nom | Dates du mandat | Appartenance politique | Notes | |||
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16 | Vincent Auriol | 16 janvier 1947 | 16 janvier 1954 | Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) | Premier président de la Quatrième République, son mandat est marqué par la guerre d'Indochine. | |
17 | René Coty | 16 janvier 1954 | 8 janvier 1959 | Centre national des indépendants et paysans (CNIP) | Son mandat est marqué par la guerre d'Algérie. Il fait appel au général de Gaulle pour résoudre la crise de mai 1958. Après la promulgation de la Cinquième République, il démissionne après cinq ans de présidence. |
Cinquième République [modifier]
Nom | Dates du mandat | Appartenance politique | Notes | |||
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18 | Charles de Gaulle | 8 janvier 1959 | 28 avril 1969 |
Union pour la nouvelle République
(UNR) Union pour la défense de la République (UDR) |
Président du GPRF de 1944 à 1946, il est nommé président du Conseil par René Coty en mai 1958, pour résoudre la crise de la guerre d'Algérie. Il fait adopter une nouvelle Constitution qui fonde la Cinquième République. Facilement élu président de la République en décembre 1958 par un collège électoral, il prend ses fonctions le mois suivant. En 1962, il propose l'élection du président de la République au suffrage universel direct. Il est réélu au suffrage universel en 1965. En 1966, il retire la France du commandement militaire intégré de l'OTAN et expulse les bases américaines du territoire. Ayant refusé de se retirer pendant la crise de Mai 68, il finit par démissionner à la suite de l'échec du référendum sur la régionalisation en avril 1969. Conformément à la Constitution, le président du Sénat, Alain Poher, devient président de la République par intérim. | |
19 | Georges Pompidou | 20 juin 1969 | 2 avril 1974 | Union pour la défense de la République (UDR) | Premier ministre de Charles de Gaulle de 1962 à 1968, il est élu facilement président en 1969 face au président du Sénat, le centriste Alain Poher. Il donne une nouvelle dynamique à la construction européenne, et au niveau national engage une politique de modernisation de l'économie et d'industrialisation. Au niveau international, le premier choc pétrolier s'est déroulé en 1973. Il meurt de la maladie de Waldenström à son domicile le 2 avril 1974, deux ans avant la fin de son mandat. Alain Poher, toujours président du Sénat, assure une nouvelle fois l'intérim de la présidence de la République. | |
20 | Valéry Giscard d'Estaing | 27 mai 1974 | 21 mai 1981 |
Fédération nationale des républicains et
indépendants (FNRI) Union pour la démocratie française (UDF) |
Fondateur de la FNRI et plus tard de l'UDF dans le but d'unifier le centre-droit, il participe à de nombreux gouvernements gaullistes. Élu de justesse en 1974, il engage de nombreuses réformes, dont l'abaissement de la majorité civile de 21 à 18 ans et la légalisation de l'IVG. Il est rapidement confronté à la crise économique mondiale et à la montée du chômage. Contrairement à ce qu'annonçait les sondages en début de campagne, il est battu le 10 mai 1981 par François Mitterrand, en partie à cause de la désunion de la droite. Il est aujourd'hui membre de droit au Conseil constitutionnel et membre de l'Académie française. | |
21 | François Mitterrand | 21 mai 1981 | 17 mai 1995 | Parti socialiste (PS) | Candidat de l'Union de la gauche à l'élection présidentielle de 1965, il prend la tête du Parti socialiste en 1971. Il échoue de peu en 1974, et est finalement élu en 1981, réalisant la première alternance de la Cinquième République. Il est à l'origine d'un certain nombre de réformes (abolition de la peine de mort, cinquième semaine de congés payés). À la suite de la victoire de la droite aux élections législatives de 1986, il nomme Jacques Chirac Premier ministre, inaugurant ainsi la première cohabitation. Réélu en 1988 face à celui-ci, son deuxième septennat s'achève par la deuxième cohabitation débutant après les élections législatives de mars 1993 avec Édouard Balladur comme Premier ministre. Il est le premier président de la République élu deux fois au suffrage universel, et demeure à ce jour le seul président de gauche de la Cinquième République et le président de la République ayant exercé le plus long mandat, toutes républiques confondues. | |
22 | Jacques Chirac | 17 mai 1995 | 16 mai 2007 |
Rassemblement pour la République
(RPR) Union pour un mouvement populaire (UMP) |
Nommé Premier ministre en 1974, il démissionne deux ans plus tard et fonde le RPR. Éliminé dès le 1er tour de l'élection présidentielle de 1981, il redevient Premier ministre en 1986. Battu à l'élection présidentielle de 1988, il est élu sept ans plus tard. Son principal objectif étant d'éradiquer la « fracture sociale », il engage des réformes sociales, avec son premier ministre Alain Juppé, qui seront contestées. En 1997, il dissout l'Assemblée nationale, la gauche gagne les élections législatives, ce qui le contraint à nommer Lionel Jospin Premier ministre pour une cohabitation de cinq ans. Durant son premier mandat, le quinquennat est approuvé par référendum (ramenant le mandat présidentiel de sept à cinq ans). En 2002, il est réélu face au leader d'extrême droite Jean-Marie Le Pen. Sur le plan international, il s'oppose à la guerre d'Irak. Ayant renoncé à se représenter en 2007, il prend sa retraite politique et devient membre de droit du Conseil constitutionnel. | |
23 | Nicolas Sarkozy | 16 mai 2007 | en cours | Union pour un mouvement populaire (UMP) | Entre 1993 et 1995 puis entre 2002 et 2007, il est plusieurs fois ministre. Président de l'UMP depuis trois ans lors de l'élection présidentielle de 2007, il est élu au second tour face à Ségolène Royal avec une des participations les plus élevées. Peu après sa prise de fonctions, il fait voter la loi TEPA et d'autres visant à lutter contre l'immigration clandestine et la récidive. Président du Conseil de l'Union européenne pendant le second semestre 2008, il défend l'idée d'un traité simplifié et assure la médiation lors de la guerre d'Ossétie du Sud. En avril 2009, la France fait son retour dans le commandement intégré de l'OTAN. Au niveau national, il doit faire face à la crise économique et à ses conséquences. Suite à une révision constitutionnelle, il est le premier président depuis Louis-Napoléon Bonaparte à s'exprimer devant le Congrès de Versailles, le 22 juin 2009. |
Présidents de la République par intérim [modifier]
Nom | Dates du mandat | Appartenance politique | Notes | |||
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1 | Alain Poher | 28 avril | 20 juin 1969 | Centre démocrate | En tant que président du Sénat, Alain Poher est amené par deux fois à exercer l'intérim de la présidence de la République. Son premier intérim a lieu à la suite de la démission de Charles de Gaulle. Candidat centriste à l'élection présidentielle de 1969, il est battu au second tour par Georges Pompidou. | |
2 | Alain Poher | 2 avril | 24 mai 1974 | Centre démocrate | Son second intérim a lieu cinq ans plus tard, à la suite du décès de Georges Pompidou. Alain Poher ne brigue pas cette fois la présidence de la République, et transmet les pouvoirs à Valéry Giscard d'Estaing, vainqueur de l'élection présidentielle. |
Note sur l'intérim du président de la République : selon la Constitution de la Cinquième République, le président du Sénat en titre peut être amené à assurer pendant quelques mois les fonctions du président de la République en cas de vacance du pouvoir (décès, impossibilité d'exercer, démission ou procédure constitutionnelle d'empêchement pour haute trahison), le temps d'organiser une nouvelle élection présidentielle ; en revanche, le titre de président de la République est réservé à ceux qui ont été élus à cette fonction.
Longévité [modifier]
- Mandat le plus long : François Mitterrand (14 ans, soit deux mandats complets de sept ans)
- Mandat le plus court : Jean Casimir-Perier (205 jours, soit 6 mois et 20 jours)
- Président le plus jeune en début de mandat : Louis-Napoléon Bonaparte (40 ans)
- Président le plus âgé en début de premier mandat : Adolphe Thiers (74 ans)[5]
- Président le plus âgé en fin de mandat : Jules Grévy (80 ans)
- Président ayant vécu le plus longtemps : Émile Loubet (90 ans)
- Président ayant vécu le moins longtemps : Sadi Carnot (assassiné à 56 ans)
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Présidents morts en fonction :
- assassinés : Sadi Carnot (56 ans), Paul Doumer (75 ans)
- maladie : Félix Faure (58 ans), Georges Pompi dou (62 ans)
- Anciens présidents vivants : Valéry Giscard d'Estaing, Jacques Chirac
Notes et références [modifier]
- ↑ Incluant une transition avec le GPRF jusqu'à la fin janvier 1947
- « Vacance de la fonction présidentielle de 1940 à 1947 » [archive] sur le site officiel de la présidence de la République, elysee.fr, consulté le 2 février 2009.
- ↑ « Acte constitutionnel no 1 du 11 juillet 1940 » [archive], sur le site de l'université de Perpignan, mjp.univ-perp.fr, consulté le 20 juin 2009.
- ↑ Projet de constitution du 30 janvier 1944, Projet du maréchal Pétain [archive], sur le site de l'université de Perpignan, mjp.univ-perp.fr
- ↑ Ne comptent pas : Philippe Pétain (84 ans en 1940), qui ne porte pas le titre de « président de la République » mais de « chef de l’État français » ; Jacques Charles Dupont de l'Eure (fête son 81e anniversaire quelques jours après son entrée en fonction en 1848), simple chef de l'État de facto et par intérim.